Juillet 2013 : Guillaume Romero a réussi à réunir les financements nécessaires à la publication de son livre, l'habitable inhabité. Il m'explique qu'il avait proposé ce projet à laDRAC, mais sans résultat. "Le livre a été financé par des internautes sur MyMajorCompagny et des entreprises de la région. Je souhaitais faire un livre made in Alsace et j'ai obtenu le logo. Je me suis engagé à reverser deux euros sur chaque vente, à une association aidant les femmes en difficulté, Regain".

Guillaume a commencé à photographier l'architecture de Strasbourg. Il avait pour idée de présenter ses images en triptyque, Puis dressant au fur et à mesure une sorte de "catalogue" des différentes architectures de la région, il lui a semblé évident de présenter ses photos sous la forme d'une série et plus particulièrement les réunir dans un livre. "Le projet a duré 9 mois. Je voulais d'abord faire un répertoire des architectures abandonnées ou inhabitées. Finalement les formes, les matériaux utilisés, l'originalité de certains bâtiments m'ont amené à décaler mon discours et à m'intéresser aux structures qui s'apparentaient à un décor de théâtre ou de cinéma.. J'accentue cet effet dans le Nord en me donnant pour contrainte de ne photographier que de nuit". 
Guillaume Romero vient en effet de prolonger ce travail en s'intéressant cette fois à l'architecture de notre région. "J'ai sollicité beaucoup d'intervenant dans le milieu culturel. En Alsace, j'ai du financer personnellement mes déplacements. Si ceux-ci pouvaient être financés dans le Nord Pas-De-Calais, j'aurais davantage de liberté et de moyens pour développer plus vite et plus profondément le sujet".

Concernant la prise de vues et la sélection de ses images, Guillaume m'explique qu'il "essaie de faire en sorte qu'il n'y ait pas de paysage autour du bâtiment ni de présence humaine. La seule présence humaine est celle du spectateur que la photographie absorbe. Le titre l'habitable inhabité se joue de l'absence d'êtres humains. C'est au spectateur d'habiter l'image, d'interpréter le décor. Pour le livre, j'ai effectué une classification des images selon le moment où elles ont été photographiées. Le livre s'articule comme une journée. La première photo a été prise de nuit, les suivantes de jour et la dernière de nuit. à nouveau J'ai classé également les photos en fonction des types de bâtiments que j'ai photographiés. Je n'ai pas souhaité mettre de texte ou d'explication sur les différentes architectures. Je ne souhaitais pas que ce livre soit perçu comme un "contre guide touristique". Je préférais rester dans une sorte de fiction partant de la réalité qui permet au spectateur d'envisager l'image comme un décor de cinéma ou de théâtre et pas seulement comme un élément de répertoire. Par contre j'aime parler de ce que j'ai vu et de ce que je sais des bâtiments. J'ai présenté mon livre dans une librairie et c'était un véritable plaisir pour moi de fournir des explications sur les lieux que j'ai découverts".

La démarche de Guillaume se construit sur le constat que l'architecture s'accumule au fil des années et des siècles. "On a l'impression d'être dans une sorte de décor. D'un quartier à un autre, les architectures du passé cohabitent avec celles du présent. Différentes époques se rejoignent, mais aussi les cultures. L'architecture a plusieurs identités".

Son travail a été exposé en 2013 à Annonay, lors du Festival Printemps de l'image et de la photo.